jeudi 22 décembre 2016

Rêve de chaos






Aujourd’hui j'ai mis en place le dessin pour mon prochain tableau
Celui qui s’intitulera "rêve de chaos". 
J'ai cherché de la documentation : il me fallait une tête de cheval, aussi j'ai regardé Géricault. 
F m'a dit qu'il ne fallait pas perdre les lignes de force.
Il a raison, il ne faut pas les perdre ...alors je regarde aussi Zao Wou Ki.
Depuis je regarde le vide, si animé, dans ses peintures, et c'est vraiment tentant.
Aller par là pour voir














mercredi 14 décembre 2016

Piano






J'écoute et c'est beau 
Obsessionnel et infiniment recommencé
Troué parfois d'un geste à peine plus haut qu'un autre
Un corps plié en quatre un visage qui n'a plus qu'un œil
Une jambe agitée sporadiquement
Un murmure qui mue soudain crescendo
J'écoute et c'est beau 









vendredi 9 décembre 2016

jeudi 8 décembre 2016

Résilience





Déposer la souffrance dans la poussière
Des feuilles mourantes pénétrer la terre
Fouler le gland l'enfoncer
Qu'à son tour il devienne terre
Etoile
Qu'elle devienne parole de gland
Chaîne






vendredi 25 novembre 2016

Cyprine










Hommage aujourd'hui à tous les amants doux

Pour tenter de contrer la violence
faite aux femmes
mes sœurs











vendredi 18 novembre 2016

A propos de la sauvegarde du phœnix










Le Phoenix est un être si merveilleux qu’il est extrêmement rare d’avoir la chance d’en voir ne serait-ce qu’un seul dans une vie. Il est absolument impossible de quantifier leur population. Peu de gens témoignent de leur passage sur notre Terre. Les signaux qu’ils émettent peuvent facilement être confondus avec d’autres que nous avons l’habitude de banaliser.
Apparence :
Arrivé à maturité, le phœnix est de grande taille, mais d’apparence plutôt fine voire fluette. La musculature est peu développée. Il peut donner l’impression de ne pas tenir solidement sur ses pattes. Il lui arrive de trébucher et de tomber, surtout à certains stades de sa renaissance. (Nous développerons ce chapitre un peu plus bas). Les plumes ne sont pas spectaculaires et il faut rester à l’affût jusqu’à la tombée du jour pour commencer à en apercevoir le scintillement caractéristique.  Les ailes demeurent la plupart du temps repliées et il est difficile d’envisager leur taille tant qu’elles ne sont pas pleinement déployées. Les membres sont longs et gracieux, l’extrémité en est très mobile, et rarement au repos.  La tête est expressive et recouverte d’un très fin duvet, sauf autour des yeux où la peau est glabre. Les yeux des spécimens répertoriés à ce jour sont bleus ou verts.
Comportement :
Il se déplace sans prêter grande attention aux obstacles du chemin et parfois se fige d’un coup dans les endroits les plus insolites. Il penche alors la tête et semble tétanisé. L’une des caractéristiques du phœnix est en effet une curiosité insatiable tempérée d’une grande réserve. Cette curiosité couplée à une capacité d’observation hors du commun (mais n’est-ce pas naturel ?)  nous porte à le classer dans la catégorie des oiseaux doués de talents artistiques incontestables. Leur nid est parait-il l’un des plus merveilleux qui soit. Hélas, il ne m’a pas été donné d’en voir opérationnel à ce jour. (voir le chapitre reproduction)
Alimentation :
Le phœnix est un oiseau végétarien. Il se nourrit le plus souvent de végétaux qu’il découpe patiemment en morceaux et qu’il dépose dans une urne en bois afin d’en faire le plus joli et le plus délicieux des mélanges. Il s’adapte aux saisons, et se compose parfois de baies. Le phœnix accorde beaucoup d’attention à chacun de ses repas, qu’il consomme à heures fixes. Il ne fait aucune entorse à son régime, sauf en période de parade nuptiale, où il est alors capable de faire quelques concessions. Il raffole des noix. On me rapporte que son mets favori serait l’avocat.
Reproduction :
Aucun nid n’a plus été recensé depuis des siècles. Il semblerait néanmoins que le Phoenix tente encore de nos jours d’accroître sa population. Nous avons pu déceler des tentatives de reproduction. Afin de préserver les chances de redéploiement de cet être extraordinaire, nous resterons discrets sur les zones géographiques de nidification. Il semblerait néanmoins que le phœnix aime plus particulièrement  les zones où les saisons règnent dans toute leur splendeur, notamment l’hiver. Le phœnix apprécie tout particulièrement la neige, mais il a tout autant besoin du renouveau printanier. Tout comme pour son alimentation, le phœnix est néanmoins capable d’un certain effort d’adaptation et il n’est pas rare, en période de parade nuptiale de le voir s’éloigner de son aire géographique de prédilection.
Santé :
Ce chapitre peut sembler paradoxal lorsqu’on connait la caractéristique principale du phœnix qui consiste à toujours renaître de ses cendres. Pourtant il semblerait que le phœnix ne soit pas insensible à certains maux qui peuvent de ce fait provoquer, voire précipiter sa mutation. Son extrême sensibilité ainsi que ses exigences hors du commun le prédisposent en effet à la dépression. Sa distraction coutumière l’expose également à de grands dangers, et on rapporte plusieurs cas de collisions avec des trains ou des avions.
Avertissement :
Si vous avez l’honneur de croiser la route de cet oiseau charmant ne tentez pas de le capturer. Il ne supporterait pas la domestication. Profitez de son chant et laissez-le reprendre son chemin. Et surtout : ne tentez pas de le retrouver après son départ.

Valentine MOON
Coordinatrice des efforts de redéploiement des créatures fantastiques.

A C. le 18 Novembre de l’an 2016







Trouvé chez Dé ♥












dimanche 13 novembre 2016

muse en lierre





*

et le bruit de mes pas dans l'escalier
ne recouvrira pas le silence
ni le mystère 
ton absence nécessaire
cœur en bière
muse en lierre


*





mercredi 9 novembre 2016

A moins que ce ne soit la pluie






dehors l'air tremble
à moins que ce ne soit la pluie
tu viendras quand bien même
la route ne serait plus là







Comme d'une table






Plus tard, je voudrais qu'on dise de moi 
comme d'une table
"elle était magnifique et pleine de coups"













pullover





j'ai le sentiment que le temps est comme un pullover tricoté
coincé dans une poignée de porte
il faudra bien que sous l'action de l'élasticité, elle cède soudain
ou  qu'une main l'actionne 





dimanche 6 novembre 2016

au bout de sa vie de lie en lie



Besoin d'être rassurée tenue soulagée ravie étonnée calée émue lovée vivifiée écoutée amie lue relue retenue remuée chassée enchâssée délivrée déliée démunie gravée datée coulée roucoulée classée déclassée pêchée empêchée dépêchée nettoyée dépêtrée tendue ...Besoin de marcher des heures des jours des nuits...Où sont-elles passées ces nuits à marcher sur des fils sur des routes mauvaises trouées mais pétries de bonheur d'espoir de mensonges de doutes et de duperies toutes plus brillantes les unes que les autres. Que sont devenus tes bras? Tes mains? Ton nom? Qui le porte? Le prononce? L'appelle? Je n'étais pas pour toi et tu n'étais pas pour moi. Qui l'a su? Qui le sait? Qui s'en souvient? La nuit dansée, rêvée, marchée dessus dessous dedans dehors. Les yeux que je portais sur moi étaient-ils les mêmes? Les yeux qui me restent s'ouvriront ils encore? Mes pieds m'emporteront ils au bout du voyage? Te rencontrerai-je encore une fois? Aurons-nous une chance cette fois?
Secoueras-tu la poussière qui me recouvre? Cloueras-tu le bec à toutes ces imbécillités féroces?
Me croiras-tu? Te prendras-tu au sérieux ? Serons-nous adultes un jour?

Emmène-moi dans ces eaux-là, celles que je ne connais pas, qui montent sans jamais s'arrêter devant rien ni personne. Emmène-moi sur cette planche-là qui flotte, sur ce cachalot ventre en l'air, sur l'air de ça ira, attache moi avec ta ceinture de sécurité celle qui fait des nœuds coulants comme du fromage, surfons dans ces courants d'air de rien, glissons loin des rampes anti collusion, misons là-dessus, tu veux?


2 février 2009


" Entrez par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition et il y en a beaucoup qui y entrent. Mais la porte étroite et le chemin étroit mènent à la vie et il y en a bien peu qui le trouvent."

Saint Mathieu, Evangile.

vendredi 4 novembre 2016

La fin












it's the end, friend of mine
it's the end, friend of mine

time is over where we could simply say I love you
now you opened the door
leave me crying
trying to embrace you again
trying to face this damn situation man
I can't
It's the end, friend of mine
It's the end, sweet friend of mine

dear friend, I cannot tell the reasons why we started well
good time, give me some wine when you open the door
you seem hurt, don't try to speak a word to me
what on earth could really go wrong with you and me?
yet its the end, friend of mine
it's the end, sweet friend of mine

time seems to be over where we could simply say I love you
now you opened the door
I feel cold
why can't I hold you in my arms
told you that life is short but love is old
it's the end, friend of mine
it's the end, sweet friend





dimanche 25 septembre 2016

Je peins comme j'écris comme je mens




  

je peins comme j'écris comme je mens comme je respire

avec prétention avec brutalité avec tout avec mien

je peins comme j'écris laborieusement patiemment

avec exigence en désordre avec adresse et accusé de réception

je peins comme j'inspire avec bonheur avec ivresse

je peins avec mes poumons plein d'eau plein d'air pleins de vide

je peins rarement sombrement sobrement jusqu'à l'agacement

je peins avec mes mains avec ma tête avec mon corps

je peins par espace progression régression

je peins sans couleurs sans rigueur mes valeurs

je peins chaque nuit chaque jour avec l'amour

qu'on me donne qu'on me rend qu'on me dit qu'on me doit

je peins sans espoir de retour sans espoir sans désespoir non plus

je peins comme on se teint les cheveux

comme on bascule comme on chavire

je peins la faim je peins la fin

je suis en vie


j'y viens 







2011

lundi 12 septembre 2016

Aveugle sourde et muette





Il a fallu que je prenne certaines précautions tu comprends ?
Que j'apprenne à prononcer ton prénom avec détachement
Que sa musique ne me brûle plus la gorge
J'ai dû veiller à paraître indifférente à tes silences
et à tes cris
Je n'ai pas pu être là devant tout le monde
Ta partenaire animale
J'ai tendu les muscles du dos
Mes mâchoires se sont soudées
Ma langue est devenue carton
J'avais des yeux de cire
J'ai laissé le froid me glacer les os
Figer mon sang
Je suis allée jusqu'à ne plus rien ressentir
J'ai encouragé la mort à commencer son travail
La souffrance n'était pas assez
Je n'avais plus envie de rester
Tu comprends ?







Javier Arizbalo Garcia (merci)










mardi 6 septembre 2016

Ordinaire






Ça commence souvent comme ça: je ne sais pas comment m'habiller. Il fait si chaud, on serait si bien, nu, toute la journée, la nuit aussi. Et puis ce sang, il va bien falloir trouver un endroit où le mettre, les hommes n'ont pas ce problème là, comment dissimuler ce sang aujourd'hui encore ? Aller, faire comme si...Et puis il y a les listes de choses à faire, un an de comptabilité en retard, ranger les factures, mettre à jour les papiers de l'association. Imprimer les sujets pour les élèves. D'abord la douche, ne plus avoir chaud, ne plus avoir soif, se laisser couler dedans par tous les trous. S'y mettre. 









Quoiqu'il advienne







ne prends pas la vie même
ne prélève que ce dont tu as besoin au plus juste
ne prends pas ce qui n'est pas pour toi
si l'autre est dans le partage
donne quelque chose de toi en échange
ne le laisse pas repartir sans rien
mesure la difficulté du parcours à effectuer
et assure toi au mieux du renouvellement des ressources
sache te priver d'un bonheur immédiat pour un bonheur profond
ne demande pas ce que tu ne peux rendre
quoiqu'il advienne








Obsessionnellement, ces phrases tournaient en moi toute cette nuit,
 je ne sais pas d'où elles viennent...










lundi 5 septembre 2016

Ce matin Julos Beaucarne




"femmes et hommes de la texture de la parole et du vent...
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous-mêmes"














dimanche 28 août 2016

Profession de foi










mon dieu : la nature
mon prêtre : un arbre
ma loi : l'instinct


et rien d'autre ne me guide
que ce qui me mène vers toi





samedi 20 août 2016

Aquarium





l'eau partout l'eau
je vois mes bras qui brassent
je vois mes jambes qui regimbent
je vois des bulles qui montent
je te vois de loin
tes bras brassent
tes jambes regimbent
j'entends le bruit de l'eau
ce souffle cardiaque aquatique
tu es profondément loin
je voudrais te rejoindre
mais il y a cette paroi de verre
que mes mains touchent
je dois boire beaucoup d'eau
à en finir fin saoule
ronde comme poisson lune
sous l'eau boire
à en attraper des branchies
lécher la paroi pour qu'elle reste propre
épouser de la main la silhouette de ta main posée 
de l'autre côté de la vitre
me coller tout le corps contre cette
paroi invisible et transparente
à quoi rime cet aquarium ?
 avec ou sans homme ?








mardi 16 août 2016

La poésie






"Vous regardez un nuage et ce nuage à la forme d’un livre et si vous parlez de ce nuage comme d’un livre dans le ciel, vous avez déjà gagné quelque chose, et vous êtes très prêt du réel contrairement à tout ce qu’on nous dit sur la poésie qu’on perçoit très souvent comme un domaine très flou ou très vague, très sentimental au mauvais sens, et au fond inutile. Moi je pense que rien n’est plus utile que cette ultime précision de langage, que ce soin de donner à chacun une niche, une chapelle à l’intérieur du langage."

Christian  Bobin







vendredi 22 juillet 2016

D'amour






je ne sais pas s'il y aura d'autres jours
je t'aime
je ne sais pas s'il y aura d'autres nuits
je t'aime
quand je ferme la porte je ne sais jamais si je te reverrai
je t'aime
ne serait-ce qu'une seule fois
je t'aime
et toucher ta peau me sera-t-il encore offert ?
je t'aime
tu as tellement à faire
je t'aime
j'ai tant à faire
je t'aime
et toute cette agitation est inévitable
je t'aime
elle est la vie qu'on vit
je t'aime
nous choisissons chaque jour chaque instant chaque seconde
je t'aime
décider de nos vies nous appartient
je t'aime
nos vies nous cimentent et nous bétonnent
je t'aime
nous qui sommes fleuve et rivière
je t'aime
faits pour nous renverser l'un dans l'autre
je t'aime
nous qui sommes arbre et ciel mélangés
je t'aime
avec ou sans toi
avec ou sans moi
il y aura d'autres jours d'autres nuits
d'amour










mercredi 13 juillet 2016

morceau de ciel







 marcher à l'envers
capturer un morceau de ciel
voler à l'endroit
ne plus mentir à l'étroit






















mardi 5 juillet 2016

Vies gruyère (slam)









Et tous ces baisers qu'on ne donne pas c'est des trous dans nos vies
Nos vies gruyère pleines de bulles d'air où on s’asphyxie
Plaire à quoi ça sert si c'est pas ce qui suffit ?
Faudrait l'essentiel et pas laisser les poubelles en bas du lit

Un camion benne et des usines sans chaînes pour déblayer tout
Recycler sans que ça traîne tous ces paquets de boues
Brûler les lois sorcières pour pouvoir tenir debout
Éclater la haine percuter les peines qui nous filent des coups

Ces défis je le crains faudra encore du temps pour les voir venir
Mes yeux seront creux et aussi les tiens comme ça doit finir
"La politique du pire c'est la pire des politiques"
Quand je vois les gens qui se battent y'a pas de quoi rire

On dit qu'on crée des liens mais on entrave les gens
On crie comme des chiens mais on ne fait que prendre des vents
Tu peux bien baiser l'armée, les flics, et tout ce que tu prétends
Ça sert à que dalle  qu'en prendre plein les dents

L'ordre? la justice ? rien ne tient devant le pouvoir
La révolution ? une autre façon de se faire avoir
Terroristes, salafistes, si t'as besoin d'y croire
A ce sale petit jeu où il ne s'agit que de jeu de miroir


T'as raison, t'as toujours raison de perdre la raison
Moi non plus je ne sais plus où est ma maison
Je regarde la terre et j'attends plus la moisson
C'est la jachère c'est la perte de repères c'est que du poison









mardi 28 juin 2016

La cueillette










ce soir c'était le moment de cueillir les abricots
de les saisir délicatement au creux de la main
d'en sentir la douceur et la rondeur de bourses chaudes et duveteuses
d'aller au cœur des branches pour  attraper ceux 
que l'arbre veut encore garder
ceux qu'il réserve aux oiseaux voraces
de lui permettre sa rançon d'égratignures 
en laisser tomber quelques uns pour le plaisir d'aller les déloger sous l'euphorbe
sortir victorieuse de la bataille contre le latex urticant 
par la douceur et la précision d'un geste respectueux et millénaire
lui dire simplement
je ne veux pas emporter ton cœur
je te désire juste
je te désire ouvert comme un fruit
et non pas amer et racorni
et c'est pour cela, 
c'est pour cela mon ami
que je t'aime et que je t'aimerai
dans ton écorce et dans ta sève
dans l'herbe et sous les feuilles
dans les draps et sur ta peau
dans la chaleur du soir
qui tombe sur nous et nous regarde vieillir














mercredi 22 juin 2016

jours parfaits








ces quelques jours ont été parfaits
je voudrais les revivre éternellement











Antonio Canova 
Amour et Psyché













mardi 21 juin 2016

En tas






de sorte que je trouverais alors ce que je cherche
c'est à dire que ces questions font un sacré tas à force
aussi haut que le linge quand on n'en peut plus de repasser
le tas qu'on a laissé tomber tu crois en dessous trouver la réponse

comme l'enfant qui n'en peut plus de ranger ses jouets tous les soirs
à quoi bon puisque demain je vais tout ressortir
logique accablante avec laquelle il faut jongler
peut-être pour passer l'aspirateur, tu vois ?

je l'aime bien moi cette poussière dans laquelle je dessine un bonhomme avec le doigt









samedi 18 juin 2016

nana







miroir et transparence brillante et froide
te tenir en laisse comme un dragon
tu es entré dans mon ventre accueillant
vacant donjon tellement irréel
citadelle du vertige 
brûler au soleil bruyant jardin
je t'aime et t'embrasse
je ne t'aime pas et ne t'embrasse pas
n'embrasse pas je t'aime
et dépasse ce trépas me lasse
nana comme toutes les autres
ou pas










lundi 13 juin 2016

Lac rivière pont







Lac rivière pont
eau retenue puis relâchée
comme le sable trop longtemps immobile dans le sablier

cela a à voir avec le temps
avec les yeux ouverts
avec le doigt qui frôle la paupière

cela a à voir avec la langue
qui effleure la bouche les dents
l'autre langue qui touche

humidité petrichor salive

Lac rivière pont
lâche retenue d'eau
s'écoulant à travers le sable du temps
trop longtemps attendu

cela a à voir avec les bouches fermées
les cris retenus
avec les doigts qui ne frôlent plus les corps

cela a à voir avec les mots 
que je dirai désormais











dimanche 12 juin 2016

Délicatement





Il n'y eut plus de départ précipité 
prolongeant la lucidité du réveil nos têtes gisaient comme oubliées sur les oreillers

Quelques marées mémorables naquirent de l'océan de nos draps froissés
l'écume débordant de nos ventres chauds

Tu as posé à nouveau ta main sur ma vie
je t'ai laissé une fois encore la retirer 
délicatement













mardi 31 mai 2016

Même si






Même si tu mourais
La vie continuerait

Ecœurante et douce











Helen GOTLIB
















la lettre de Rosalie















"qui m'emmène sans m'emporter
qui me tient sans me prendre
et qui m'aime sans me vouloir"















dimanche 29 mai 2016

Demande









Je ne sais pas si c'est triste ou non
Les femmes courageuses sont si belles
J'ai mis tant de temps à refermer mes blessures
Je n'ai pas pu, de front, mener tous les combats
A présent, je te demande juste un regard

A présent : je demande juste l'infini









vendredi 27 mai 2016

vademecum












ça commence lorsqu'elles s'appellent par leurs prénoms

c'est une rivière dans le sable
c'est une respiration après l'apnée

et puis ça ne s'arrête plus jamais






http://www.arte.tv/guide/fr/027013-000-A/bagdad-cafe

jeudi 26 mai 2016

non retour







dans tes yeux s'ouvre une bouche immense
un lit s'y mouille d'amour odorant et chaud
des mains plongent en avant de nous
bien plus loin un paysage nouveau se déploie
océan infini où toutes les armes coulent
où le sable rejoint les anémones 
où la pluie ne fait plus rien pousser
je sais la profondeur où tu te noies
j'y suis allée moi aussi
et n'en suis jamais revenue











mardi 3 mai 2016

hautes lignes







il y a des messages qu'on regarde longtemps
sans bouger ils pénètrent en nous
se gravent dans l'âme et dans la chair
le cœur commence à battre plus fort












samedi 30 avril 2016

Sujet brûlant








je voyais le monde s'écrouler depuis mon balcon
je n'avais pas le choix, le monde me tenait la tête
il fallait que je le voie pour y croire
le monde était là avant
il était là avant moi
je le voyais comme si c'était la première fois
il tremblait de rage et dedans ça grouillait
les vers se grouillaient de finir leur besogne
fouailler le plus vite et le plus loin possible
il fallait regarder ça pour de bon
fignoler le cadrage
la colonne vertébrale toute molle
laisser couler le monde par les yeux
laisser le monde dans l'alarme
comme si les sirènes n'avaient pas hurlé assez fort 
ni assez longtemps, ni assez haut
elles avaient hurlé trop sourdement
dans un monde désert
qui nous servait de dessert
à nous les trop gâtés, à nous les pourrissants
nous qui n'avions pas voulu nous embrasser
nous nous embraserions
c'était écrit ici








vendredi 29 avril 2016

Tai Chi Chuan 1, 2, 3













Dernier rêve






cet escalier que je monte en rêve si souvent
j'en connais chaque marche
le dessin de chaque pierre
cet escalier que je monte
 si souvent 
seule
c'est un peu comme monter vers le ciel
c'est un peu comme espérer m'envoler
c'est un peu comme 
vouloir encore être vivante













mercredi 27 avril 2016

Who will take my dreams away










I can't give you all my dreams
Nor the life I live.
You and I know what friendship means,
That's all we got to give.

Who will take your dreams away
Takes your soul another day.
What can never be lost is gone,
It's stolen in a way.

Please, don't stand too close to me,
Can you hear my heart ?
Take my warmth and lean on me
When we're not apart.

Now our mission is complete
And our friends are here
Evil things brought down by the light,
Life goes on until the end.




Je ne peux pas te donner tous mes rêves
Ni la vie que je vis.
Toi et moi savons ce que signifie l'amitié,
Voilà tout ce que nous avons à donner.

Qui emportera tes rêves
Prendra ensuite ton âme
Ce qui ne peut être perdu s'en est allé,
A été volé en quelque sorte.

S'il te plaît, ne t'approche pas trop près de moi,
Peux tu entendre mon cœur ?
Prends ma chaleur et appuie-toi sur moi
Lorsque nous ne sommes pas séparés.

Maintenant, notre mission est terminée
Et nos amis sont ici
La lumière a chassé les ombres,
La vie continue jusqu'à la fin.























dimanche 10 avril 2016

Forêt





*


le bruit des vagues dans les arbres
les feuilles en robes multicolores
les fantômes de chevreuils passants

forêt




*







dimanche 27 mars 2016

De toutes profondeurs









*

encore plonger
traverser les abysses
repartir à leur rencontre

paupières
atomes
poussières

êtres de lumière



*




lundi 22 février 2016

Lettre de Romain Gary à Christel



14 avril 1938

Ma petite fille, douce, mauvaise, bonne, unique…

Je me sens si affreusement triste et seul, que ta lettre, au lieu de m’égayer, m’a fait presque mal, m’a rendu plus triste encore et j’ai envie de pleurer comme un idiot. Si seulement je pouvais savoir que tu es à moi, à moi seul, à moi, rien qu’à moi, des pieds à la tête, de tout ton corps que je vois, comme si tu étais là couchée prés de moi, comme si je le caressais encore, partout, fillette, partout, de mes lèvres, de mes dents, de mes doigts…

Christel, dix jours sont passés depuis que tu es partie et maintenant, peut-être, tu sais mieux tu vois mieux si vraiment tu es à moi, à moi seul, comprends-tu, si toi et moi, c’est vraiment ça ou si seulement, c’était autre chose…

Je sais que tu es égoïste et que tu m’aimes dans la mesure ou ça te fait plaisir, mais je voudrais savoir si c’est quelque chose de plus fort que toi, si tu peux, vraiment, tout quitter pour être à moi, ou s’il s’agit seulement de ce genre d’amour dérisoire et charmant auquel « il est agréable de céder de temps à autre » comme Goethe ne l’a pas écrit.

C’est très beau, Christel, le chocolat de luxe et avec moi, je le crains, il y aura fort peu de chocolat, fillette, et encore moins de luxe…

Christel, souviens-toi que les choses au monde que je respecte le plus sont l’honneur et la droiture, souviens toi que si je t’aime comme femme c’est aussi parce que je t’aime comme homme et qu’un de nos deux amours n’ira, jamais, pour moi, sans l’autre… Il est très difficile d’être un homme. Mais s’il y a quelque chose qui compte, dans la vie, s’il y a quelque chose de vraiment sacré, c’est ça : être un homme. C’est dans la mesure où tu le seras, où que tu t’efforceras de l’être (car c’est peut-être impossible) que tu seras toujours toute proche de moi, même si des milliers de kilomètres nous séparent, c’est par cette volonté dure d’arriver à être un homme que tu seras toujours au sens le plus beau de ce mot, ma femme… J’ai peur, Christel, que tu ne comprendras pas ces quelques mots qui ont pour moi une si grande importance. J’ai peur, aussi, que ces mots soient impossibles à comprendre, en ce moment, à Vienne…

Si je te les écris, c’est parce-que, désespérément, je cherche quelque chose qui pourrait te rapprocher de moi… Et rien, jamais, ni le mariage, ni l’amour ni les enfants ne te rapprocheront de moi plus que ça : l’effort d’être un homme. C’est par cet effort, par cette volonté dure, par cette aspiration à la dignité humaine, à la condition humaine, que ton sang, Christel, sera dans mon sang, ta pensée dans ma pensée, et ta main fillette, dans ma main. Il y a peut-être trop de grandes lettres, trop de majuscules, dans ce que je te dis là. Mais ce ne sont pas des grandes lettres, des grands mots : ce sont de grands sentiments et il ne faut pas avoir honte. Et puis, nous sommes seuls, en ce moment, toi et moi, personne ne nous écoute, nous pouvons parler tranquillement. Il y a bien cette horrible musique… mais je te parlerai dans l’oreille… comme ça… Il faut vivre pour cela, Christel.

Il faut travailler, lutter pour cela. Il faut aimer pour cela. Je dis « aimer » et non pas « faire l’amour ». Je voudrais être cet amour et que cet amour pour moi t’aide dans l’effort. Mais peut-être trouveras-tu un autre homme, qui t’aide mieux, plus que moi. J’en serais heureux… quoique malheureux… En tout cas, Christel, n’oublie jamais cela : rejette loin de toi l’amour qui n’enrichit pas, qui ne t’aide pas à être, à devenir homme. Je serais tellement heureux si je pouvais t’aider ! Mais il faut d’abord voir clair en toi même. Ce que je te conseille demande beaucoup, beaucoup plus de courage que tu ne le crois. Ça n’a rien à voir avec le plaisir, et presque rien avec le bonheur… en tout cas, pas pour les gens qui croient- les malheureux ! Que le bonheur, c’est seulement le maximum de plaisir. Le bonheur – mon bonheur — c’est un chemin très dur. Sur ce chemin, il n’y a pas Sachs, il n’y a pas Bincens, il n’y a pas Lilliebro – il n’y a personne. Il faut du courage pour marcher seule sur ce chemin là, mais je te propose de marcher à deux : avec moi. Je crois que tu seras capable, un jour, de marcher sur ce chemin. Je l’ai pensé, quand je t’ai vu marcher dans la montagne, pieds nus… te souviens-tu ? Dans quelques jours, je t’enverrai une photo : toi et moi sur ce chemin là… Oui… Ne t’étonne pas ! Il faut travailler, ma lointaine, il faut étudier, être seule, lutter, souffrir beaucoup, dans l’effort et mépriser les hommes qui envoient des chocolats de luxe… Mon Dieu, je suis bête. Je t’ennuie. Non, peut-être…je ne sais pas. Quelque fois, je doute, je pense que je ne serai pas entendu… tu es tellement blonde ! J’ai parlé beaucoup trop… et je n’ai pas envie de m’arrêter… j’ai envie de continuer… je suis un imbécile ! Mais un imbécile qui t’aime.


Romain


















mardi 16 février 2016

Où je peux









Tu allais en enfer, je ne pouvais venir avec toi, il n'y avait qu'une seule place
Nous ne nous étions pas préparés, la surprise fut totale, omniprésente
Envahissant tout, me repoussant jusqu'à mes propres limites
J'ai traversé.
Je me suis jetée contre le mur, et le mur s'est ouvert sur un jardin, le mien
Quelqu'un se baignait à ma fontaine, des mains puisaient à ma source pour y boire
Le printemps.
Maintenant mon chignon est un peu de travers
Les violettes poussent en hiver
Je t'embrasse à nouveau
Et tu es plus grand il me semble
Il me semble que ma place s'est refaite
Une nouvelle empreinte
Une prothèse étrange
Un lieu enfin où
Je peux être











vendredi 22 janvier 2016

Combien sommes-nous ?






*





Combien d'entre nous sont capables d'emprunter son chemin ? Combien sont capables 
de ne pas juste l'emprisonner mais au contraire de le laisser circuler , vivifié 
par le partage des actes et des intentions ? Combien n'attendent pas tout de lui 
mais le reçoivent comme un don à diffuser au plus grand, au plus large , au 
plus intime et au plus profond ? Combien d'entre nous le nourrissent sans 
retenue de toute leur chair et de toute leur âme ? Combien sommes-nous ?







*

















vendredi 15 janvier 2016

le volcan gelé





elle était retournée au bord du trou
c'était devenu un cratère
elle s'était agenouillée là
sous la pluie ou bien en plein soleil 
ou même lorsqu'il gelait à pierre fendre
elle entendait le vent fantôme faire ououuuuuuuh
alors qu'elle n'était plus drapée que de son propre silence
elle regardait sans voir
disait sans parler
touchait sans appui
comme un ours blanc qui s'enfonce sous l'eau
déjà happée par les profondeurs glacées